Incontournables

Le pouvoir de notre histoire

La puissance de nos histoires de vie peut parfois nous échapper. Il m’a fallu de nombreuses années pour accepter mon histoire et voir comment les épreuves du passé ont contribué à enrichir ma vie. Ce faisant, j’ai guéri, j’ai développé des relations significatives et j’ai inspiré la résilience chez les autres. Je vais maintenant partager mon histoire avec vous, en espérant qu’elle vous encouragera à puiser l’inspiration dans votre propre parcours.

 Je suis née au sein d’une famille de professionnels. J’ai grandi avec l’idée que les succès et l’argent définissaient la réussite. Mon père était avocat et ma mère travaillait dans le domaine de la finance. J’ai supposé qu’il était de ma responsabilité de devenir également, une professionnelle. Enfant, mon objectif principal était d’être performante et de réussir. Je pratiquais plusieurs sports, tels que la gymnastique et le ballet, puis j’aspirais à toujours y donner le meilleur de moi-même. Les éloges que j’ai reçus au fur et à mesure que je cheminais sur cette voie ont confirmé l’idée que la réussite devait être mon objectif ultime.

J’ai conservé ce même état d’esprit compétitif, lorsque j’ai amorcé ma carrière. Je croyais que le plus important était d’obtenir un poste de haut niveau dans une organisation prestigieuse. Je me concentrais sur les augmentations de salaire et les promotions au fur et à mesure que je gravissais les échelons de ma carrière. Je n’ai jamais pensé à mon bonheur ou à ce que je désirais vraiment. J’ai simplement supposé que je serais plus heureuse si j’avais plus de succès et d’argent. J’ai adoré mon premier poste de gestionnaire en 2008, dans une entreprise qui correspondait à mes valeurs. Cependant, ma focalisation sur les revenus et les récompenses m’a conduit à faire les mauvais choix. J’ai changé d’emploi pour obtenir un salaire plus élevé et un poste plus prestigieux correspondant à l’idée que je me faisais de la « réussite ». Cependant, l’entreprise ne correspondait pas à mes valeurs. Avec mon salaire plus élevé, je me suis procuré une plus belle voiture et j’ai emménagé dans une plus grande maison, mais c’est à ce moment que j’ai pris conscience que ma santé mentale se détériorait.

 Pendant deux ans, j’ai ressenti les contrecoups du stress que je faisais subir à mon corps et de graves répercussions s’en sont suivies. Je dormais mal en plus d’être souvent malade. Mes relations avec mes enfants étaient toujours tendues et même mon mari, qui me soutenait depuis le départ, s’inquiétait pour moi. Physiquement et mentalement, je me sentais de plus en plus déséquilibrée et tendue. J’ai réalisé que mon travail ne correspondait pas à mes valeurs et ne contribuait pas à maintenir un équilibre mental ou une vie personnelle saine. À l’époque, je ne percevais pas encore, la nécessité d’un changement. Je suis donc demeuré à ce poste pendant cinq ans avant de le quitter. Une fois de plus, j’ai changé d’emploi parce que le salaire était supérieur et la fonction prestigieuse. Au fond de moi, je savais que je faisais le mauvais choix, mais j’étais préoccupé par l’aura du « poste de cadre convoité », qui me faisait rêver depuis l’enfance.

Je connaissais les défis à relever lorsque j’ai accepté le poste, mais les pressions quotidiennes m’ont lourdement affectée. Quatre mois après mon entrée en fonction, je pleurais tous les matins à l’idée d’affronter une autre journée de travail et j’étais tellement surmenée que je n’arrivais même plus à allumer mon ordinateur. J’ai fini par toucher le fond et j’ai finalement réalisé que je ne pouvais plus soutenir mon équipe.

J’ai consulté mon médecin qui, après quelques examens, a diagnostiqué un épuisement professionnel. J’ai pris un congé de six mois pour guérir, puis je suis retournée au bureau en juin 2019. Malheureusement, l’épuisement n’était que la partie visible de l’iceberg. Un mois après mon retour au travail, j’ai été hospitalisée. J’avais des inflammations, mes articulations me faisaient continuellement souffrir et mon corps m’abandonnait peu à peu. Après trois semaines d’hospitalisation, les médecins m’ont diagnostiqué la maladie de Still. Surnommée « le dragon » par les personnes atteintes, cette maladie auto-immune rare s’attaque à la peau, aux yeux, au foie, au cœur, aux articulations, aux muscles et aux os, en provoquant des brûlures intenses, et ce à plusieurs reprises durant la journée. Une personne sur un million en est atteinte, et il est difficile de se procurer des médicaments efficaces, il faut donc beaucoup de temps pour parvenir à contrôler la maladie. Cette maladie représente l’exact opposé de ce que je suis dans la vie. Je voulais être active, me concentrer et me lancer des défis, mais mon corps m’a dit « non ».

 J’ai repris le travail en septembre pour découvrir que mon entreprise n’avait aucune idée de la manière dont elle pouvait m’apporter un soutien physique ou mental dans le cadre de ma maladie, en particulier pour un poste exécutif de haut niveau comme le mien. À ce moment-là, j’ai dû faire face à une nouvelle réalité et en janvier 2020 j’ai quitté mon emploi. J’ai dû prendre du recul et repenser complètement tout ce qui se passait dans ma vie, en dehors des réalisations professionnelles. J’ai réfléchi à mon parcours de vie et à ce que signifiait pour moi la réussite. Pendant longtemps, je n’ai pas cru que je m’en remettrais un jour. Je me suis posé des questions difficiles pour comprendre comment créer l’équilibre et le bonheur, dans ma nouvelle vie. L’une des premières étapes de ce processus a été de renouer avec mes proches. La maladie a modifié mes relations avec mes parents, mes enfants, mon mari et mes amis. Elle m’a montré qu’il faut s’accrocher aux personnes qui comptent dans notre vie. Au lieu d’affaiblir ces liens, la maladie les a renforcés. J’ai compris que si la maladie pouvait solidifier mes relations, elle pouvait aussi m’apporter une certaine force.

Avec le temps, j’ai découvert que les solutions étaient déjà présentes en moi. Néanmoins, la maladie a catalysé mon voyage à la découverte de ma véritable identité. Je ne pouvais me connaître qu’en regardant à l’intérieur de moi et en vivant pour moi, plutôt que de vivre dans le regard des autres. L’épuisement professionnel et le diagnostic de la maladie de Still ont été les expériences les plus difficiles de ma vie, mais j’en suis aujourd’hui très reconnaissante. Ces défis m’ont montré que même dans les pires scénarios, il y a toujours une lumière au bout du tunnel, et qu’il n’y a pas de limite à l’intensité de cette lumière !

Quatre ans plus tard, je suis heureuse, en bonne santé et en contrôle de ma vie. Chaque jour, je me réveille et je vis avec plus d’attention et de gratitude que la veille. J’écoute les oiseaux le matin et je réapprends à profiter des petites choses, comme d’un pique-nique avec mes enfants par exemple. Je donne la priorité à mes proches et j’essaie de lâcher prise sur ce désir de contrôle. Le voyage n’est jamais terminé, mais je me rappelle continuellement de me concentrer sur mon bonheur et mes véritables motivations. Néanmoins, la maladie m’a permis de renouer avec ma vie personnelle et a donné un nouveau sens à ma vie professionnelle. Ce n’est qu’en abandonnant le prestige superficiel que j’ai connu un véritable succès. Aujourd’hui, je gagne encore mieux ma vie, dans un travail qui m’apporte de la joie, à travers le fait d’aider les autres. J’ai découvert que je pouvais utiliser mon expérience pour aider les gens aux prises avec des situations professionnelles difficiles. J’ai appris la valeur de l’écoute active et j’ai réalisé que nous pouvions tous surmonter nos difficultés en posant les bonnes questions.

Dans la médiation des conflits, je crée un espace sécuritaire et sans jugement permettant un dialogue ouvert, afin que les gens puissent commencer à répondre à leurs véritables interrogations. En racontant mon histoire, j’aide les professionnels à s’approprier leurs récits et à surmonter avec compassion, les conflits organisationnels auxquels ils sont confrontés. Je vois des personnes fortes s’effondrer lorsqu’elles entrent en conflit. Je suis intimement liée à ces sentiments accablants, et je fais donc tout ce que je peux pour aider les gens à comprendre qu’ils ne sont pas seuls dans leurs combats. J’explique comment l’opinion de nos parents, nos expériences et nos différentes cultures peuvent influencer la perception que nous avons de nous-mêmes. Plus nous acceptons nos parcours de vie et créons un dialogue honnête avec nous-mêmes, mieux nous pouvons faire le travail de guérison et d’épanouissement nécessaire pour accéder au bien-être.

Une lecture m’a inspiré dans mon parcours de guérison, il s’agit de The Body Keeps The Score de Bessel A. Van der Kolk. Au moment de clore ce chapitre de ma vie, j’aimerais vous en citer un extrait : « La pleine conscience permet non seulement d’observer notre paysage intérieur avec curiosité, mais aussi de nous orienter activement dans la bonne direction pour prendre soin de nous-mêmes. Tant que nous nous sentons en sécurité dans le cœur et l’esprit des personnes qui nous aiment, nous escaladerons des montagnes et traverserons des déserts ». Chaque fois que je partage mon histoire, c’est une expérience thérapeutique qui me rappelle à quel point je suis devenue résiliente. J’espère qu’en lisant mon histoire, vous trouverez la force d’affronter la vôtre. Contactez EVOCrh pour savoir comment nous pouvons vous aider à apporter le pouvoir de la narration à votre organisation.

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